Lors du premier conseil des ministres de la rentrée mercredi 24 août, le chef de l’Etat a planté le décor en adoptant un ton sombre qui tranche avec l’optimisme cultivé depuis son arrivée à l’Elysée en 2017.

“La fin de l’abondance”

Face à la “série de crises graves” – du conflit en Ukraine au dérèglement climatique – il a évoqué “la fin de l’abondance” et “la fin de l’insouciance” qui obligera à faire les “efforts”, voire les “réductions” nécessaires. sacrifices”. . C’est “la crise la plus grave que la France ait connue depuis la guerre”, a ajouté son allié moderne François Bayroux. “Il ne s’agit pas de promettre du sang et des larmes, mais il est important que tout le monde connaisse la gravité du moment”, abondait samedi Elizabeth Bourne au Parisien.

Fonds vert

Voulant mettre un exécutif à la tâche, le Premier ministre a dévoilé samedi les premières mesures, dont le déblocage d’un “fonds vert” doté de 1,5 milliard d’euros destiné aux collectivités locales pour “les aider à accélérer” leur transition écologique”. Le chef du gouvernement a également promis à l’exécutif de modérer les “hausses” des prix de l’énergie après la fin du bouclier tarifaire en décembre, grâce à des “dispositions spécifiques” pour les “plus vulnérables”. “Je dis exactement que ce qui va se passer en France n’est pas ce qui se passe en Angleterre où le prix de l’énergie augmente subitement de 80%”, a insisté dimanche le porte-parole du gouvernement Olivier Véran. En amont d’une allocution attendue devant le Medef lundi, Elisabeth Borne a menacé les entreprises de taxer leurs “bénéfices excédentaires” tout en les incitant à principalement baisser les prix ou à redonner du pouvoir d’achat à leurs salariés, en utilisant intégralement, par exemple, le triplement des primes défiscalisées ( appelées “primes Macron”) qu’elles peuvent verser à leurs salariés. Le message est de dire “si vous ne jouez pas votre rôle au service du pouvoir d’achat des Français et des travailleurs, l’Etat prendra ses responsabilités”, a plaidé Olivier Véran.

Mettre en place des jets privés ?

Avec une poussée de la gauche, qui envisage d’organiser un référendum d’initiative commune sur la question, cette taxation des “super profits” est débattue à la majorité, les députés MoDem appellent à une “réflexion” à l’automne. Sur la nécessité de réguler ou non l’usage des avions privés, Elisabeth Borne a affirmé sans plus de précisions que leurs propriétaires devraient “comme tout le monde participer à la réduction des gaz à effet de serre”, jugeant qu’il est “essentiel” que le “plus avantageux” qu’ils conduisent par exemple. . A lire aussi : Jets privés : trois graphiques montrant l’étendue de leur pollution

Conseil national de la reconstruction

Ces records seront également au menu du séminaire de rentrée qui réunira tous les ministres à l’Elysée mercredi. Sur ce dossier comme sur d’autres, alors qu’il ne dispose pas de la majorité absolue à l’Assemblée, Emmanuel Macron espère faire consensus en inaugurant le 8 septembre le Conseil national pour la reconstruction, instance déjà controversée qui doit réunir élus, acteurs du secteur, acteurs civils société. Mais l’opposition, qui a fait sa rentrée ce week-end, doute de sa capacité à relever ces défis, alors que son bilan environnemental est jugé lamentablement insuffisant. “Ce qu’il propose est très timide”, déplore l’écologiste Julien Bayou.

Un appel au 49-3 ?

Depuis la Drôme dimanche, le chef de l’Insoumis Jean-Luc Mélenchon a critiqué le pessimisme d’Emmanuel Macron. “Nous ne partageons pas cette triste méthode de jouer avec la peur, car la peur paralyse, endurcit les cœurs, ferme les esprits et face aux défis c’est le contraire qu’il faut faire”, a-t-il dit. De son côté, la droite s’inquiète de…