Un contrat ne devrait pas être signé avant plusieurs semaines, souligne Engie. Le groupe, dont la présidente Catherine MacGregor faisait partie de la délégation officielle à Alger, est dépendant à 10% du gaz algérien et est le principal acheteur de gaz naturel liquéfié du pays. Alors que les Français ont réduit leur exposition au gaz russe de 17% à 4% au premier semestre en raison de la guerre en Ukraine, ils doivent trouver de nouvelles sources d’approvisionnement.
Retour d’Algérie
Dépendant principalement du gaz norvégien (environ 36 %), Engie a annoncé qu’il augmenterait ses achats auprès du pays nordique peu après le début de la guerre. Elle s’appuie désormais sur son autre grand partenaire, l’Algérie, sur qui elle compte pour augmenter son niveau d’approvisionnement. il achète également beaucoup de gaz naturel liquéfié (GNL) américain. Cette augmentation des livraisons vers l’Algérie, dont l’ampleur reste à déterminer – l’hypothèse de +50% rapportée par Europe 1, qui a été la première à révéler ces discussions, n’a pas été confirmée par le groupe – “s’inscrit dans la continuité du contrat signé avec Sonatrach en juillet », précise Engie. Cet accord porte sur le prix du gaz naturel livré aux Français au moins jusqu’en 2024 et vise à élargir la coopération sur le GNL et le gaz naturel transitant par le gazoduc de gaz naturel Medgaz de l’Algérie vers l’Espagne. De nombreux pays européens cherchant à réduire leur dépendance vis-à-vis de l’approvisionnement en gaz russe après l’invasion de l’Ukraine se sont tournés vers l’Algérie. C’est le cas, par exemple, de l’Italie, qui a signé en avril un accord majeur avec Alger pour l’augmentation de l’approvisionnement en gaz via le gazoduc Transmed.
Capacités limitées
Lors de sa visite, le président Macron, qui s’était surtout focalisé sur la question de la mémoire, avait pourtant souligné que la France dépend “un peu du gaz naturel dans son mix énergétique” (20%) et encore moins du gaz algérien (8 à 9 %). “Nous ne sommes pas dans une dynamique où le gaz algérien pourrait changer la donne”, a-t-il insisté, notant que la France avait déjà “sécurisé ses volumes” pour l’hiver, avec des réserves pleines à 90%. L’annonce est particulièrement surprenante compte tenu des contraintes de capacité de l’Algérie. Le pays produit actuellement environ 100 milliards de mètres cubes par an, ce qui en fait l’un des dix plus grands producteurs au monde. Mais elle exporte déjà ce qu’elle peut et, selon l’Ifri, « ne peut pas produire beaucoup plus à court terme ». À moins qu’il ne se tourne vers le gaz de schiste dans le sud et court alors un risque politique.