C’était l’ambition de ces écoles d’été du PS : “Vers un nouveau Parti socialiste”, clame la banderole à l’entrée. Ce qu’il ne dit pas, c’est que la direction du parti veut écrire une nouvelle page de son histoire avec Nupes, l’alliance des socialistes, communistes, écologistes et “révolutionnaires”, née lors des législatives. “Nous étions des frères ennemis, nous nous sommes battus parfois violemment, mais nous avons réussi à trouver ensemble la voix du compromis”, se félicite Olivier Faure, accueillant le écologiste Yannick Jadot et les élus LFI Clémentine Autain et Alexis Corbière pour une table ronde sur l’avenir de Nupes . Un exploit qui semble avoir convaincu les militants socialistes présents à Blois qui scandaient “Olivier ! Olivier ! Olivier !” lorsque le premier secrétaire du PS est entré en scène. Olivier Faure entend surfer les mois à venir dans cette image du vainqueur qui redresserait la rose socialiste. Après la séquence électorale désastreuse des élections présidentielles et après avoir quelque peu sauvé le mobilier aux élections législatives, le Parti socialiste doit, en début d’année prochaine, peut-être, choisir un nouveau premier secrétaire et surtout décider de sa ligne politique pour les années à venir. . Pourtant, il faut que tout le monde se parle : quelque chose qui ne se mérite pas. En témoigne la visite, presque sournoise, de la maire de Paris, Ann Hidalgo, au chaudron de la fédération socialiste de la capitale. L’édile s’est assuré de ne pas apparaître aux côtés du premier secrétaire, et les cadres du Nupes se sont regroupés à une centaine de mètres. « Vous voyez, elle n’était même pas officiellement invitée par le parti, déplore un des proches de la maire de Paris, elle était quand même candidate à notre présidence ! C’est dommage ! Ainsi, les couteaux sont aiguisés avant la conférence. La stabilité, la violence, diront certains, de la direction du parti lors de la conclusion de l’accord de la nouvelle alliance de gauche, a laissé des traces. Certains éléphants, chantres de la social-démocratie voire du social-libéralisme, sont de farouches opposants à l’accord Nupes et à toute forme d’alliance avec La France insoumise. “Nous sommes orthogonaux à tous les postes de LFI”, résume l’un d’eux en coulisses. Une opposition de bloc, qui a poussé Hélène Geoffroy, rivale quasi historique d’Olivier Faure, et maire de Vaulx-en-Velin, à rassembler des journalistes pour annoncer qu’elle briguerait, une nouvelle fois, le poste de première secrétaire. “Il y a un espace pour nous entre La France Insoumise et le centre-droit, veut-il croire. On parle souvent des militants qui sont revenus au parti depuis les Nupes, on ne parle jamais de tous ceux qui sont partis !” A ses côtés, des noms rappelant le quinquennat de François Hollande et le PS des années 2000 : François Halfon, Patrick Menucci ou encore Philippe Doucet. Mais le plus emblématique reste Jean-Christophe Cambadélis. L’ancien premier secrétaire du PS a même proféré une menace : en cas d’alliance avec les “révolutionnaires” pour les élections européennes de 2024, il dressera sa propre liste de la “gauche républicaine et européenne”. Car telle est la question, les Nupes sont-ils destinés à continuer jusqu’aux Européens et au-delà ? Devant les micros “c’est trop tôt pour se décider”, nous explique-t-on. “Je n’y crois pas trop, mais on va tout faire pour y arriver”, souffle l’un de ceux qui y sont favorables. Même si nous échouons, nous aurons pérennisé le mécanisme syndical. Et c’est tout ce qui compte : si on veut gagner en 2027, il faudra le faire avec toute la gauche et un seul candidat.” Entre ces deux lignes, Olivier Faure semble avoir fait son choix : “Ce sont les électeurs qui ont décidé, les dissidents anti-Nupe ont presque tous été durement touchés.” Cependant, le discours a changé face aux voix critiques contre l’alliance à gauche. Témoin cette image, pas vue depuis longtemps : Carole Delga, présidente de la région Occitanie, aux côtés d’Olivier Faure sur la scène des campus d’été. Un signe de réconciliation ? “Les ‘rebelles’ se sont construits contre nous pendant des années, ça laisse des traces, explique Olivier Faure, il faut tourner la page pour ceux qui doutaient.” Carole Delga abonde : “La séquence est terminée, nous avons toutes les deux le même objectif : un PS fort.” La thérapie par les câlins entreprise par le premier secrétaire semble avoir porté ses fruits pour certains des challengers lors de ces universités d’été socialistes. Qu’est-ce qui lui assure une réélection à la présidence ? Réponse au Congrès.