Posté à 6h00
                Isabelle Ducas La Presse             

“C’est une oasis de paix, mais c’est devenu un cauchemar”, lance Daniel Rémillard, un retraité de 61 ans, la voix tremblante. « Je vais tout perdre et me retrouver à la rue ! » Sa résidence, acquise en 2008, est construite sur un terrain appartenant au MTQ, le long de la piste cyclable du P’tit Train du Nord.

PHOTO DOMINIQUE GRAVEL, LA PRESSE La maison de Daniel Rémillard, à Val-Morin PHOTO DOMINIQUE GRAVEL, LA PRESSE Daniel Rémillard observe le lac devant sa maison. PHOTO DOMINIQUE GRAVEL, LA PRESSE La piste cyclable du P’tit Train du Nord, à quelques pas de la maison de M. Rémillard

1/3 La maison de Daniel Rémillard, à Val-Morin Daniel Rémillard observe le lac devant sa maison. La piste cyclable du P’tit Train du Nord, à quelques pas de la maison de M. Rémillard Depuis l’achat, M. Rémillard payait un loyer de 500 $ par année à la MRC des Laurentides, qui agissait au nom du gouvernement. L’ancien propriétaire a payé le même loyer pendant plusieurs années. Mais en janvier 2014, le MTQ lui impose un nouveau contrat avec une augmentation de loyer et de nombreuses conditions. Parmi ces conditions : l’interdiction de vendre sa maison sans l’autorisation du ministère, ce qui enlève de fait toute valeur à sa propriété. Si j’avais su dès le début que je serais interdit de vendre, je n’aurais jamais acheté la maison en 2008. J’aurais dû connaître cette condition avant d’acheter. Daniel Rémillard Après négociations, le loyer a été augmenté à 1 000 $ par année. Le contrat stipule également que le MTQ peut résilier l’entente « si les locaux sont requis par le gouvernement du Québec » ou si le locataire ne respecte pas l’une des clauses de l’entente.

“J’ai paniqué”

M. Rémillard a alors commis l’erreur de signer le contrat. Mais il prétend avoir accepté sous la contrainte. PHOTO DOMINIQUE GRAVEL, LA PRESSE Daniel Rémillard Au ministère des Transports à Saint-Jérôme, on m’a dit : « Si tu ne signes pas aujourd’hui, tu vas être viré ! ». J’ai paniqué. Je ne connais pas la loi, alors j’avais peur d’être expulsé automatiquement le lendemain. Après tout, c’était la veille de mon départ pour le Mexique. Daniel Rémillard En 2020, le MTQ a demandé au citoyen de renouveler l’entente aux mêmes conditions, avec une autre augmentation de loyer, à 3 000 $ par année. Puis Daniel Rémillard a refusé de signer à nouveau. Il a reçu, en janvier 2021, un avis de non-renouvellement de la convention, suivi, en avril 2022, d’un avis d’expulsion et de démolition de sa maison, sans indemnité, par le tribunal de grande instance. Il a donc pris un avocat pour se défendre en cour contre le MTQ, mais il a peur de faire le gros du travail devant la grosse machine gouvernementale. Ce que M. Rémillard voulait, dès le début, c’était acheter le terrain pour régler sa situation et mettre fin à l’incertitude. Mais le ministère refuse de lui vendre. Pourquoi le MTQ refuse-t-il de vendre et pourquoi veut-il récupérer le terrain en démolissant la maison qui y est construite? Existe-t-il un projet pour ce terrain ? Au ministère, ils m’ont dit qu’ils ne devaient pas me donner de raison. C’est un petit bout de terre, ils ne peuvent rien en faire. Daniel Rémillard Les mêmes questions ont été soulevées par la presse. « Il n’y aura pas de commentaire là-dessus, puisque le dossier est judiciaire », a répondu la responsable des communications du MTQ dans Laurentides-Lanaudière, Nathalie Nolin. Daniel Rémillard a contacté sa députée provinciale, la caqueiste Nadine Girault, pour tenter de trouver de l’aide, sans succès. « Dois-je faire du piquetage devant le bureau de François Bonnardel ? [ministre des Transports] ou devant celle de François Legault ? demande-t-il découragé.