Un tas de cendres
Il ne reste rien de Mess et d’Amorino. L’intérieur des deux installations n’est plus que cendres et débris. Les flammes sont éteintes, mais de la fumée s’échappe encore du toit en zinc. L’incendie, qui s’est déclaré à minuit de samedi à dimanche en plein coeur de Perpignan, a détruit les locaux. Il aurait déclaré dans le grenier au-dessus du premier étage. Les flammes ont rapidement atteint ce premier étage, où se trouve la majeure partie du restaurant. Puis toute la structure moins de deux heures plus tard. “Tout l’intérieur du bâtiment est détruit”, confirme le capitaine du SDIS 66 Sébastien Tresson ce dimanche en fin de matinée. “Au plus fort de l’incendie, 80 sapeurs-pompiers ont été mobilisés. Ils ont lutté contre les flammes à haute intensité, mais aussi pour protéger les immeubles voisins et leurs habitants. Il fallait éviter la propagation. Le feu est désormais maîtrisé, mais notre les hommes sont encore attachés. Les poutres sont affectées. Tout est affaibli. Par intervalles, un bruit sourd confirme de nouveaux effondrements. Les plafonds sont baissés. La structure même du bâtiment construit en 1844 est fragilisée. “Des spécialistes interviennent dans la structure des bâtiments pour permettre à nos hommes d’avancer. L’utilisation de lances à eau est toujours impossible à l’intérieur pour ne pas fragiliser un peu plus la structure.” Une quarantaine de sapeurs-pompiers sont encore mobilisés sur les lieux aujourd’hui dimanche midi. Des fissures sont creusées dans les façades, notamment dans la partie supérieure gauche de la façade.
Un périmètre de sécurité sophistiqué
Au milieu de la nuit, les riverains, clients et ouvriers alentour ont été évacués. 48 invités de l’Hôtel de France voisin ont passé une partie de la nuit sur les quais de La Basse. ils ont pu regagner leur chambre vers 4h du matin malgré la coupure de courant. Les résidents peuvent à leur tour regagner leur domicile. Cependant, le périmètre de sécurité reste effectif devant l’immeuble et autour de Castillet. De nombreux Perpignanais sceptiques constatent les dégâts entre deux palissades métalliques qui protègent le site. Aucune victime n’a été signalée.
Pas de piste avancée
Les enquêteurs de la police ont pu commencer à entrer dans la zone dimanche matin. À l’heure actuelle, aucun indice n’a été fourni quant à l’origine de la catastrophe. “C’est encore trop tôt. Il faut laisser les enquêteurs travailler.” Des témoignages de riverains et d’employés de commerces voisins sont recueillis. Sans rien transpirer. Accident? Court-circuit? Piste criminelle ? Les prochaines heures en dévoileront davantage.
Deux entreprises sur le tapis
“C’est une catastrophe. Tout est détruit à l’intérieur. Le feu a pris dans le grenier et, petit à petit, a détruit les deux autres niveaux. C’est un rêve qui part en fumée. Tout le travail d’une “équipe détruite”. Dans son parvis Castillet, Julien Hermida, chef du Mess et sa femme, ne peuvent que constater les dégâts. Le restaurant qu’ils tiennent est ravagé par les flammes. Idem pour le glacier Amorino au rez-de-chaussée. Le Mess était actuellement fermé. Il devait rouvrir le lundi 29 août. « Nous étions encore en train de terminer les dernières retouches ce samedi à 18 heures, témoigne Julien Hermida. « Nous avons inondé aujourd’hui les escaliers et les sols de la salle du premier étage. Je ne comprends pas comment le feu a pu se déclencher. La chambre froide était éteinte, aucun four ne fonctionnait depuis que nous sommes fermés. Nous avons fait remplacer les capots il y a un an. Seuls quelques réfrigérateurs et un congélateur fonctionnaient.” A ce titre, il devait lancer sa nouvelle formule lundi, après trois semaines de fermeture. “Ma femme et moi étions en train de finaliser les nouvelles recettes et avons encore pris des photos des plats cet après-midi. C’est un rêve fumant.” Le mess employait 20 personnes. « This Disaster » commence aussi son œuvre à l’Espi, quai Vauban.
A qui appartient le mess ?
L’entreprise Mess a été rachetée par Abi-Nadir Chukri en mars 2021. Il était prêt à la revendre à Julien Hermida, tout comme Espi. Un compromis de vente a été signé il y a quelques jours. L’homme d’affaires possède également onze locaux commerciaux à la Cloche d’Or, où il a arrêté tous les travaux de rénovation depuis des mois. Un conflit l’oppose à la ville de Perpignan, qui ne veut pas de plan de reprise de la part des investisseurs, dont notamment les enseignes halal. Construit en 1844 sur un terrain concédé par la Ville à l’armée, Mes a longtemps abrité un… mess des officiers. Après de nombreux projets avortés – vitrine des vins du Roussillon, démolition pour ouvrir une promenade – il est racheté par Freddy Fraihat, propriétaires d’hôtels et de zones commerciales à Perpignan, Prades, Canet ou Amélie. En 2018, le restaurant chez Christopher, également présent à Saleilles, déménage dans les murs jusqu’en mars 2021. Emblématique du cœur de Perpignan, le Mess n’est pas préservé. Il est maintenant en cendres.