Les combats, qui ont éclaté dans la nuit de vendredi à samedi 27 août à Tripoli, ont fait au moins 23 morts et 140 blessés, selon un nouveau décompte officiel. Six hôpitaux de la capitale ont été touchés dans les combats qui font craindre une nouvelle guerre en Libye, déjà dans le chaos avec deux gouvernements rivaux.
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Des affrontements entre milices rivales, à l’arme légère et lourde, ont éclaté dans plusieurs quartiers de Tripoli (Ouest) où des tirs et des bombardements ont éclaté toute la nuit. Ils se sont poursuivis samedi soir, atteignant de nouveaux quartiers, a constaté un journaliste de l’AFP.
Forces libyennes déployées à Tripoli, le 27 août 2022. YOUSEF MURAD / AP
Mais les médias locaux ont affirmé qu’une alliance de milices favorables à Fathi Bahaha, chef du gouvernement rival de Tripoli, qui était en route vers la capitale depuis Misrata, à 200 km à l’est de Tripoli, était en route.
Les affrontements ont causé d’importants dégâts, selon un journaliste de l’AFP qui a vu des dizaines de voitures calcinées et des immeubles criblés de balles ou incendiés. Les rues de Tripoli étaient quasiment désertes samedi après-midi, à l’exception des miliciens, tandis que des panaches de fumée grise s’élevaient dans le ciel.
Dommages importants
Ces batailles sont d’une ampleur sans précédent suite à l’échec en juin 2020 d’une tentative de l’homme fort de l’Est, le maréchal Khalifa Haftar, de prendre militairement la capitale au plus fort de la guerre civile qui a suivi la chute de Mouammar. Le régime de Kadhafi en 2011. Le gouvernement basé à Tripoli a imputé les affrontements au camp gouvernemental rival, soutenu par M. Haftar, alors même que “des négociations étaient nécessaires pour éviter une effusion de sang dans la capitale”. Ce gouvernement, dirigé par Abdelhamid Dbeibah, a accusé le Premier ministre rival, Fathi Bachagha, temporairement basé à Syrte (Centre), de “mettre à exécution ses menaces” de prendre le contrôle de la ville. Le bureau des médias de Bahaga a à son tour accusé le gouvernement de Tripoli de “s’accrocher au pouvoir”, l’accusant d’être “illégitime”. Il a également nié toute négociation avec son rival pour un accord. Lire aussi : Article destiné à nos abonnés En Libye, l’impasse politique s’aggrave sur fond de blocus des sites pétroliers
La tension monte
Depuis sa nomination en février par le Parlement de l’Est, M. Bachagha tente en vain d’entrer à Tripoli pour y consolider son pouvoir, menaçant récemment de recourir à la violence pour ce faire. M. Dbeibah, chef d’un gouvernement de transition, a assuré à plusieurs reprises qu’il ne céderait le pouvoir qu’à un gouvernement élu.
Les tensions entre groupes armés fidèles à l’un ou l’autre des deux dirigeants se sont aggravées ces derniers mois à Tripoli. Le 22 juillet, les combats font seize morts, dont des civils, et une cinquantaine de blessés.
L’ambassade américaine à Tripoli s’est dite “très inquiète”, tandis que la mission de l’ONU en Libye a appelé à une “cessation immédiate des hostilités” dénonçant “des affrontements (…) dans des quartiers habités par des civils”. Pour sa part, le Qatar a appelé “toutes les parties à éviter l’escalade et l’effusion de sang et à régler les différends par le dialogue”.
Le gouvernement de Tripoli est né, début 2020, d’un processus parrainé par l’ONU, avec pour mission principale d’organiser des élections en décembre dernier, mais elles ont été reportées sine die en raison de vives querelles sur la base juridique des scrutins. La Libye est plongée dans le chaos depuis le soulèvement qui a renversé le régime de Kadhafi en 2011. En onze ans, le pays d’Afrique du Nord a vu passer douze gouvernements, deux guerres civiles et n’a jamais réussi à organiser une élection présidentielle.
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Le monde avec l’AFP