Publié à 7h34
Joe STENSON Agence France-Presse
Les troupes russes ont bombardé le site “plusieurs fois au cours de la journée”, a rapporté samedi l’agence nationale ukrainienne sur Telegram.
“A cause des bombardements périodiques, les infrastructures de l’usine ont été endommagées et il y a des risques de fuite d’hydrogène et de pulvérisation de substances radioactives”, a-t-il dit, notant un “risque d’incendie élevé”.
Selon l’exploitant, depuis samedi midi, l’usine “fonctionnait au risque de violer les normes de radioprotection et de sécurité incendie”.
La Russie, pour sa part, a accusé l’Ukraine d’avoir tiré 17 obus dans l’enceinte de la centrale électrique, la plus grande d’Europe, au cours des dernières 24 heures. “Quatre sont tombés sur le toit de l’immeuble […] où se trouvent 168 assemblages de combustible nucléaire américain de WestingHouse”, a déclaré le ministère russe de la Défense dans un communiqué, ajoutant que les obus se sont également écrasés à 30 mètres d’un dépôt de combustible usé et à proximité d’un autre contenant du “combustible frais”.
Selon l’armée russe, l’armée ukrainienne a tiré autour de la ville de Marhanet, qui surplombe la centrale, sur la rive opposée du Dniepr toujours contrôlé par Kyiv.
IMAGE PLANET LABS PBC VIA LA PRESSE ASSOCIÉE
Cette image satellite prise par Planet Labs PBC montre de la fumée s’élevant au-dessus de la centrale électrique de Zaporizhia le 25 août.
L’AFP n’a pas été en mesure de vérifier ces déclarations de manière indépendante.
La centrale de Zaporijia, qui abrite six des 15 réacteurs ukrainiens, a été saisie par les troupes russes début mars, peu après le début de l’invasion le 24 février, et se trouve à proximité de la ligne de front dans le sud.
Kyiv et Moscou s’accusent mutuellement d’avoir effectué des bombardements près du complexe, près de la ville d’Energodar, sur le Dniepr, mettant l’usine en danger.
Situation énergétique “critique”
Ces dernières semaines, Zaporijjia a cristallisé les inquiétudes occidentales. L’ONU a appelé à l’arrêt de toute activité militaire dans la région, alors qu’elle fait face à un “risque très réel de destruction nucléaire”, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) en réclame l’accès.
Qualifiant la situation de “dangereuse”, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté vendredi l’AIEA à envoyer au plus vite une mission sur le terrain, déplorant que les troupes russes “poussent continuellement vers le pire scénario”.
Entre jeudi et vendredi, la centrale et ses six réacteurs de 1 000 mégawatts ont été “complètement arrêtés” par le réseau national en raison de dommages aux lignes électriques, selon Kyiv.
Energoatom a alors annoncé qu’”un des réacteurs à l’arrêt la veille” avait été “reconnecté au réseau électrique” à 14h04. du vendredi. “Il produit de l’électricité pour les besoins de l’Ukraine” et “son augmentation [sa] le courant est en cours », a déclaré la société.
Pendant ce temps, les autorités d’occupation d’Energodar ont de nouveau blâmé les troupes ukrainiennes vendredi.
Des experts de l’AIEA y sont attendus “la semaine prochaine”, selon une conseillère du ministre ukrainien de l’Energie, Lana Zerkal, qui a accusé les Russes de “créer des obstacles artificiels” à cette mission, ce que Moscou dément.
Conséquence de cette guerre menée par la Russie contre l’Ukraine, qui est entrée mercredi dans son septième mois, des sanctions imposées notamment au pétrole russe, mais aussi de la fermeture partielle par Moscou à ce stade du robinet de gaz naturel, les prix de l’énergie ont explosé. en Europe et sur le continent se prépare à un hiver rigoureux.
Couplée notamment aux difficultés rencontrées par le parc nucléaire français, cette crise a porté vendredi les prix de gros de l’électricité pour 2023 en Allemagne et en France à respectivement 995 et 1.100 euros le MWh, contre 85 euros il y a un an.
Le Premier ministre ukrainien Denys Shmygal a averti samedi dans un message Telegram que “cette saison de chauffage sera[it] certainement le plus difficile de l’histoire de l’Ukraine indépendante.” “Le principal risque, ce sont les actions terroristes de la Russie contre des infrastructures critiques”, a-t-il déclaré.
Le Premier ministre tchèque Petr Fiala, dont le pays assure la présidence de l’Union européenne, a annoncé vendredi qu’il convoquerait une “réunion d’urgence des ministres de l’énergie”, avec l’accord de la Commission européenne.