POLITIQUE – Dans les fauteuils de l’Assemblée nationale, les débats sont souvent vifs entre les députés LFI et les représentants du gouvernement. L’ambiance était toute autre ce vendredi 26 août, lors des échanges qui ont opposé Alexis Corbière et Marlène Schiappa, puis Clément Beaune et Manon Aubry avec “AMFIS”, les universités d’été de la France Insoumise. En terrain révolté, les deux représentants de la politique d’Emmanuel Macron ne sont pas partis favoris. Les thèmes des débats n’ont pas non plus favorisé les discussions apaisées : « être républicain aujourd’hui » pour Marlène Schiappa, secrétaire d’État à l’Économie solidaire et Alexis Corbière député et désobéissance européenne pour Clément Beaune, ancien ministre de l’Europe désormais délégué aux Transports et eurodéputé . Manon Aubri. Mais malgré les attentes, les oppositions frontales entre les deux partis ont été rares. Dès le début, Marlène Schiappa a coupé l’herbe sous les pieds d’Insoumis : « Je ne suis pas venue chercher les bons et les mauvais côtés du républicanisme. Je ne suis pas venu récompenser non plus”, a déclaré le ministre des Affaires étrangères, avant d’attaquer l’Assemblée nationale “un parti qui s’est construit contre la Démocratie et qui aujourd’hui ne promeut pas les valeurs de la Démocratie”. Une façon de prendre ses distances avec certains membres de la majorité qui se réfèrent à LFI et au RN et élisent les Insumi. “Je ne suis pas responsable de tous les attentats contre La France Insoumise”, a-t-elle ajouté plus tard. De quoi satisfaire Alexis Corbière : “Marlène Schiappa a dit qu’elle voterait pour Jean-Luc Mélenchon en duel avec l’extrême droite, ça me va”, a confié le député au HuffPost après le débat. Marlène Schiappa a également “salué” la proposition des députés rebelles d’inscrire l’avortement dans la Constitution, demandant un accord des députés sur cette question qui est également soutenue par les députés de la majorité. De même, la secrétaire d’État a reçu quelques applaudissements défendant la loi de séparation de l’Église et de l’État, critiquant les hommes politiques qui militent dans les lieux de culte « peu importe » ou « Mme Boyer (Valérie Boyer, sénatrice LR, note de l’éditeur) qui vient à la l’Assemblée nationale ou le Sénat avec un symbole religieux ostentatoire, en l’occurrence une croix. » Même ambiance décontractée pour Clément Beaune et Manon Aubry qui se sont affrontés quelques instants plus tard dans un débat sur l’Europe. Alors qu’il s’apprêtait à expliquer l’intérêt de la France à rejoindre l’UE, l’actuel ministre des Transports a décrit la France comme “un grand pays, un pays souverain, un pays rebelle”. Interruption amusante de Manon Aubry : “On est un pays révolté, en fait”, taquine l’eurodéputée, suscitant des applaudissements et même un sourire amusé de Clément Beaune.
Écoles et jets privés au menu
Cependant, cette ambiance bon enfant n’a pas empêché quelques discussions plus animées, notamment sur des sujets qui sont au centre de l’actualité. Manon Aubry prend ainsi l’exemple des jets privés pour étayer sa vision de la désobéissance européenne. « Vous avez dit pourquoi ne pas les installer. (…) Mon souci est que nous ayons ce débat au niveau de l’UE, mais si aucun Etat européen ne veut le faire au niveau européen, pourquoi éviter de le faire au niveau national ? Pourquoi ne prend-on pas les devants”, s’interroge l’eurodéputé, alors que Clément Beaune, partisan de la régulation, se retrouve en désaccord avec son ministre de tutelle, Christophe Béchu. De leur côté, Alexis Corbière et Marlène Schiappa ont évoqué l’école, le député LFI en a profité pour critiquer l’action de Jean-Michel Blanquer à l’Éducation nationale, ainsi que les propos de l’actuel ministre Pap NDiaye, pour lesquels les députés révolutionnaires sont à la lisière de “l’arc démocratique”. Marlène Schiappa, qui peinait à justifier l’action du gouvernement – comme la revalorisation des salaires des enseignants, jugée insuffisante – s’attirait alors une certaine satisfaction en se disant favorable à la gratuité des fournitures scolaires pour les quartiers les plus modestes. La proposition, faite par le représentant du ministre pour la ville Olivier Klein, fait écho aux positions de la France Insoumise. Bien sûr, ces demi-accords n’ont pas permis de faire disparaître des désaccords fondamentaux. Ainsi, les arguments de Manon Aubry pour désobéir aux règles européennes sont restés sans effet face à Clément Beaune, un défenseur de l’UE à 27, “flexible” mais uni pour créer des “rapports de force” et d’influence à plus grande échelle. De même, Alexis Corbière et Marlène Schiappa ne revendiquent toujours pas la même date de proclamation de la République, 1789 pour l’un et 1793 pour l’autre. Mais peu importe. Au HuffPost, Alexis Corbière se dit satisfait d’un débat “apaisé” avec “une stabilité sur le fond et des désaccords” mais sans agressivité. “Les discussions sont trop souvent conflictuelles dans notre société. J’ai pensé que c’était bien que nous prenions le temps d’avoir une vraie conversation où nous pouvions faire part de nos réflexions », ajoute-t-il. Après lui, Adrien Quatennens et Ugo Bernacilis monteront sur scène samedi. La première affrontera Olivia Grégoire, ancienne porte-parole du gouvernement et actuelle porte-parole ministérielle pour les médias. Le second échangera avec Rahida Dati, ancienne garde des sceaux, peu connue pour son calme. Voir aussi sur Le HuffPost : Vous ne pouvez pas voir ce contenu car vous avez refusé les cookies liés au contenu de tiers. Si vous souhaitez voir ce contenu, vous pouvez modifier vos préférences.