Doctolib est de nouveau dans la tourmente. Une enquête pour “exercice illégal de la médecine” a été ouverte en juillet contre deux personnes qui se faisaient passer pour des psychiatres sur la plateforme de prise de rendez-vous en ligne, ont indiqué vendredi le parquet de Montpellier, confirmant une information de la cellule d’investigation de Radio France. Une patiente, Carole R, découvre la fraude et porte plainte après en avoir avisé l’équipe. En juin, cette mère demande à voir un psychiatre pour renouveler une ordonnance de Ritalin, le traitement de ses deux enfants qui souffrent de troubles de l’attention. Mais son stagiaire régulier est en vacances. Carole R. se tourne alors vers un autre médecin, trouvé sur Doctolib. Il dit qu’il s’appelle David Kandat et présente son remplaçant sur sa page : “Laura Smith”. La consultation se déroule en vidéo, sur WhatsApp, sans que Laura Smith ait activé sa caméra. Carole R. décrit à Radio France un échange “lunaire”. “La pathologie de mes enfants s’appelle TDAH [pour trouble de l’attention avec hyperactivité, ndlr]. Alors je lui ai parlé dans cette abréviation mais j’ai pu voir qu’elle ne comprenait pas. elle explique. Carole R. ne reçoit jamais d’ordonnance et, méfiante, fait appel à sa banque pour éviter de se voir facturer le montant de la consultation. Elle a signalé la situation à Doctolib le 21 juin et a porté plainte, ce que Me Madeleine Archimbaud, son avocate, a confirmé à l’AFP.
“Apparemment, aucune présélection n’a été effectuée”
L’affaire alerte le conseil préfectoral de l’ordre des médecins de l’Hérault, qui porte également plainte, à Montpellier. “Apparemment, aucune diligence raisonnable n’a été effectuée”, explique son président, le docteur Philippe Cathala, à la cellule de recherche de Radio France. Pour être référencé sur Doctolib, le professionnel de santé dispose de quinze jours pour fournir les pièces nécessaires à la vérification d’identité. Mais pendant cet intervalle, ils peuvent utiliser la plateforme sans que leur droit d’exercice ne soit vérifié. La semaine dernière, l’équipe de Doctolib était déjà la cible d’une polémique car elle évoquait des naturopathes aux pratiques douteuses, de la galaxie de Thierry Casasnovas et Irène Grosjean. Face à la polémique grandissante, Doctolib a annoncé lundi avoir suspendu les profils de 17 praticiens liés à ces deux personnages. Le lendemain, l’Ordre des médecins demande à Doctolib de renforcer ses règles déontologiques d’inscription sur la plateforme.
Renforcer les procédures de vérification
Le géant de la prise de rendez-vous en ligne a annoncé mercredi, dans un communiqué, la suppression de la quatorzaine précédemment accordée aux professionnels de santé. C’est à cette époque que les deux faux médecins ont pu tenir des consultations. Aucun rendez-vous ne peut être pris “avoir lieu dans Doctolib avant que la vérification du droit d’exercice ne soit effective”, sécurise le site. Un groupe de travail vérifiera également les pièces d’identité et les cartes d’identité des professionnels qui exercent des activités de bien-être non réglementées, y compris les naturopathes. Ils représentent désormais 3% des professionnels référencés sur la plateforme et 0,3% des rendez-vous. Le groupe a également annoncé le début de la concertation avec sa commission médicale et professionnelle, la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les déviations religieuses, les associations de professionnels de santé, les mandats sanitaires, les associations de patients et les autorités sanitaires.afin de mieux encadrer le signalement des professionnels non réguléss’ sur la plateforme, assurant que de nouvelles mesures seront prises suite à cette consultation. Moderniser : mise à jour avec confirmation de l’enquête par le parquet.