Emmanuel Macron a estimé vendredi 26 août que la recherche de “vérité” et de “reconnaissance” était plus importante que le “repentir” sur les questions de la colonisation et de la guerre d’Algérie qui empoisonnent les relations entre Paris et l’Algérie. “J’entends souvent que, dans la question de la mémoire et dans la question franco-algérienne, on nous demande constamment de choisir entre l’orgueil et le repentir. Moi, je veux la vérité, la reconnaissance (parce que) sinon on n’avancera jamais”, a déclaré le président français lors d’une conférence de presse à Alger au deuxième jour de sa visite en Algérie, dans le but de “construire l’avenir” sans occulter n’importe quoi. du passé colonial, avec un accent sur les jeunes entrepreneurs et les start-ups. Lire aussi A Alger, Macron et Teboune évoquent un « nouveau partenariat pour l’avenir » Peu avant cette déclaration, le président s’est rendu au cimetière européen Saint-Eugène, le principal de la capitale à l’époque de la colonisation française de l’Algérie. Il dépose une gerbe devant le monument aux “morts pour la France”, tandis que la “sonnerie des morts” se fait entendre devant Marseille chantée par le chœur de l’armée française. Puis, au milieu des pins et des cyprès, il flâna longuement parmi les divers secteurs, chrétien, militaire, puis séjourna particulièrement sur la place juive. Devant la tombe en marbre de Roger Hanin, acteur et metteur en scène d’origine algérienne, il a médité avec le réalisateur Alexandre Arcady et l’économiste Jacques Attali, tous deux nés en Algérie, à ses côtés.
Plus d’efficacité dans la lutte contre l’immigration clandestine
Dans un tout autre registre, Emmanuel Macron a dit vouloir “coopérer” avec son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune, pour être “plus efficace” dans la lutte contre l’immigration clandestine et en même temps “plus souple” sur l’immigration “sélective”. . « Ce que nous avons décidé, c’est de travailler ensemble et aussi avec une certaine confiance collective (…). Nous serons très stricts afin de, ensemble, lutter contre l’immigration clandestine et les filières et être beaucoup plus efficaces pour prévenir et pouvoir accompagner (les immigrés illégaux, ndlr) plus efficacement”, a déclaré Emmanuel Macron lors d’un point presse. “Et nous voulons avoir une approche beaucoup plus flexible de l’immigration sélective, c’est-à-dire les familles des binationaux, mais aussi les artistes, les sportifs, les hommes d’affaires et les politiciens qui nourrissent la relation bilatérale”, a-t-il ajouté. “Dans ce contexte, on veut pouvoir améliorer les délais” d’obtention des visas et “si on simplifie un peu les démarches, (ça permet) d’avoir une lisibilité plus rapide et d’éviter des coûts excessifs”, a fait valoir le chef de l’Etat. La question des visas fait partie des dossiers “sensibles” et sources de “tensions” entre les deux pays, a reconnu le président français. “C’est un dossier dont nous avons longuement parlé hier, jusqu’à minuit, avec le président algérien”, a souligné Emmanuel Macron, “et pour lequel nous avons donné mandat à nos ministres et donc nous allons procéder dans les prochaines semaines et les suivantes mois. Il a estimé que ce dossier nécessitait “précaution”, “exigence” et “délicatesse commune” pour éviter les “malentendus”. Paris a réduit de 50% le nombre de visas accordés à l’Algérie – ainsi qu’au Maroc – pour faire pression sur des gouvernements jugés trop peu coopératifs pour réadmettre leurs ressortissants expulsés de France.
La France n’est pas l’ennemi
Emmanuel Macron a également appelé les jeunes Algériens et Africains à “ne pas se laisser séduire” par la “manipulation énorme” des “réseaux” contrôlés à distance par des puissances étrangères qui présentent la France comme un “ennemi” de leur pays. “Je veux juste dire jeunesse africaine : expliquez-moi le problème et ne vous emballez pas car votre avenir n’est pas contre la France”, a déclaré le président de la République, interrogé par la presse sur “la déception de la France”. certains pays africains. “Oui, la France est critiquée. On lui reproche le passé, (…) parce qu’on a trop longtemps laissé les malentendus s’installer, et aussi parce qu’il y a des manipulations massives », a-t-il ajouté. A lire aussiFootball : Pour Macron, une rencontre France-Algérie “serait bien pour conjurer le passé” « Soyons clairs : beaucoup d’activistes de l’islam politique ont un ennemi : la France. beaucoup de réseaux qui sont poussés secrètement, certains de Turquie, certains de Russie, certains de Chine, ont un ennemi : la France », a-t-il poursuivi, dénonçant « l’agenda influent, néocolonial et impérialiste » de ces pays. “Il y a un ennemi, c’est la France. Ça met tout le monde d’accord, c’est très facile », selon lui. “C’était peut-être la race de vos grands-parents, de vos parents, mais, partout en Afrique, ils vous parlent de crack, de karabistujies.” “Allons de l’avant”, a-t-il ajouté, reconnaissant qu’il a fallu “du temps pour rétablir la confiance”. “Mais je le fais avec patience, engagement et affection pour le continent africain et l’Algérie.” Emmanuel Macron avait tenu un discours similaire lors d’une visite fin juillet dans trois pays africains, dont le Cameroun, où il avait vivement dénoncé la “présence hybride” de la Russie en Afrique, qui “passe par la désinformation et les milices” et dont “c’est une préoccupation première et avant tout pour le continent africain. A Alger, il a demandé de “renforcer la coopération avec l’Algérie” dans la lutte contre la menace terroriste au Sahel. Il s’agit notamment “d’empêcher l’épanouissement de mercenaires dans la région, notamment ceux de Wagner”, a-t-il ajouté, évoquant le groupe privé russe opérant au Mali, dont sont issus les militaires français.