C’est la saga qui a marqué l’été des fans de tennis : Novak Djokovic participera-t-il à l’US Open ? Après des semaines de suspense, le verdict est tombé. Le Serbe ne sera pas à New York pour disputer le dernier grand rendez-vous de la saison, du 29 août au 11 septembre. Dans un tweet publié jeudi 25 août, deux heures avant le tirage au sort, Novak Djokovic a annoncé qu’il perdait le tournoi du Grand Chelem. “Malheureusement, je ne pourrai pas me rendre à New York cette fois pour l’US Open. (…) Je vais me maintenir en forme et avoir une attitude positive jusqu’à ce que je puisse reprendre la compétition. » Malheureusement, je ne pourrai pas me rendre à New York cette fois pour l’US Open. Merci #NoleFam pour les messages d’amour et de s… https://t.co/OUlcMzH17p — DjokerNolé (@Novak Djokovic)
En cause, la position de l’actuel numéro 6 mondial au sujet de la vaccination contre le Covid-19. Le triple tenant du titre et finaliste 2021 outre-Atlantique reste apathique et refuse de se faire vacciner. “C’est le prix et je suis prêt à le payer. Prendre des décisions concernant mon corps est plus important que n’importe quel titre”, a-t-il déclaré dans une interview à la BBC le 15 février. S’il prétend ne pas être antivax, il revendique “la liberté de choisir ce que vous mettez dans votre corps”.

Djokovic espérait un assouplissement des règles

Un choix présumé qui l’a entraîné dans d’âpres négociations avec les tournois anglo-saxons, qui maintiennent une politique stricte. Les États-Unis ne font pas exception et exigent un passeport vaccin pour entrer sur le territoire. Djokovic espérait jusqu’au dernier moment l’assouplissement des mesures formulées par les autorités sanitaires. Dans le circuit, les avis divergent. Certains comprennent le choix des autorités américaines, d’autres le remettent en question. “J’étais aux États-Unis et il ne semblait pas que beaucoup de gens suivaient les recommandations sanitaires. (…) Bon, je ne comprends pas pourquoi Djokovic n’a pas pu venir jouer”, a déclaré l’Australien John Millman, 104e au classement ATP, sur son compte Twitter. De son côté, Daniil Medvedev, numéro 1 mondial et vainqueur de l’US Open en 2021, n’a pas hésité à soutenir le Serbe. “Je ne peux rien faire, c’est le gouvernement qui fixe les règles. Si cela ne tenait qu’à moi, je voudrais vraiment que Novak joue. J’aime quand les meilleurs joueurs du monde sont là. Il vient de remporter un Grand Chelem. J’aimerais le voir à New York. Même histoire avec John McEnroe. L’ancien grand tennisman américain, connu pour son honnêteté, s’est confié dans une interview au journal espagnol Marca : « J’aurais été vacciné, à sa place, mais il faut respecter sa façon de penser. On vit avec la pandémie depuis deux ans et demi et ils ne lui permettent pas de participer, je trouve ça drôle. » Le scénario fait écho à la longue bataille juridique entre le joueur et le gouvernement australien en janvier. Rétention administrative, expulsion et interdiction d’entrer sur le territoire : les discussions n’avaient pas tourné en faveur de Djokovic, qui a dû quitter l’Open d’Australie, où il était venu défendre son titre. Lire aussi Article destiné à nos abonnés Novak Djokovic est menacé d’expulsion par les autorités australiennes

Une peinture d’hommes ouverte comme rarement

Résultat, le détenteur du record du nombre de semaines passées en tête du classement ATP (373) perd de précieux points, le retardant un peu plus dans sa course au record qu’il partage désormais avec Rafael Nadal après une longue Absence du site de compétition du Suisse Roger Federer. Au nombre de tournois du Grand Chelem remportés, l’Espagnol a une longueur d’avance sur son rival serbe (respectivement 22 et 21 trophées), un an plus jeune que lui (35 ans). Mais peu se risqueront à enterrer Novak Djokovic trop vite. “Il est encore très bon physiquement et reste très loin de la fin de sa carrière. Il a réussi à se remettre de son expérience en Australie, il sait à quoi s’attendre”, commente l’ancien tennisman tricolore Camille Pin. “Le fait qu’il ait été éliminé de ces compétitions le motivera davantage à en gagner d’autres. Il sait à quoi s’attendre et sera encore mieux préparé pour l’avenir. Il a un tel niveau qu’il va simplement créer un équilibre avec les autres joueurs”, poursuit-il. Lisez aussi: Rafael Nadal devient le joueur de Grand Chelem le plus titré de l’histoire après avoir remporté l’Open d’Australie
Derrière lui, “Nole” laisse une avenue à ses adversaires dans le tableau masculin, avec le Russe Daniil Medvedev en tête. Dans le sillage du numéro un mondial, la prometteuse nouvelle génération composée de Nick Kyrgios, Stefanos Tsitsipas ou encore Carlos Alcaraz sera résolument prête à en découdre. “Ce scénario est similaire à ce que nous, les femmes, avons vécu il y a quelques années. Des joueurs dont nous ne pensions pas qu’ils seraient capables d’essayer d’obtenir un titre ou une place dans un Grand Chelem, ce qui semblait impensable il y a quelques années. Ça change et c’est intéressant”, réagit Camille Pin. Une quête du Graal et, surtout, un combat pour la tête du classement ATP. Et là, des candidats poussent à la porte pour détrôner Daniil Medvedev. Le Grec Tsitsipas et le Norvégien Kasper Rudd (n°7 mondial) pourraient devenir les premiers joueurs de leur pays à devenir numéro un mondial. L’Espagnol Carloz Alcaraz (n°4) pourrait être le plus jeune joueur du circuit à atteindre le sommet du classement depuis l’Australien Lleyton Hewitt en novembre 2011. Une chose est sûre, l’absence de Novak Djokovic va redistribuer les cartes sur le circuit masculin qui a “rarement été aussi ouvert”, souligne Camille Pin. Les paris sont lancés. Ludivine Ducellier