Posté à 7h00
                Hélène Baril La Presse             

Cet investissement de 200 millions, qui devait servir à alimenter en hydrogène l’usine de biocarburants construite par Enerkem et des partenaires proches, ne fait plus partie des priorités de l’entreprise d’État, a indiqué la porte-parole Caroline Desrosiers. “Ces derniers mois, le projet a été repensé pour combiner la production d’hydrogène et de biocarburant”, a-t-il déclaré. Nous ne sommes plus impliqués dans le projet car les biocarburants ne font pas partie des priorités d’Hydro-Québec. » Les deux usines, une pour les biocarburants et une pour l’hydrogène, devaient être mises en service simultanément en 2023, a-t-on appris à l’annonce du projet en 2020. [d’hydrogène] sera vendu à Enerkem à un prix avantageux pour les deux parties et qui générera des revenus pour Hydro-Québec », expliquait alors Hydro-Québec. C’est le gouvernement du Québec, par l’intermédiaire d’Investissement Québec, qui sauvera le projet. Le ministre de l’Economie Pierre Fitzgibbon a annoncé mercredi l’injection de 284,45 millions dans le projet dénommé Recyclage Carbone Varennes (RCV). Cet investissement additionnel s’élève à 365,45 millions des sommes investies par Québec dans ce projet qui est estimé à près de 1 milliard de dollars. Investissement Québec est déjà actionnaire d’Enerkem. Les partenaires RCV d’Enerkem, à savoir Shell, Suncor et le producteur suisse de produits dérivés du gaz Proman, sont les autres investisseurs. Il était impossible de connaître la contribution de chacun. Ces trois entreprises “seront chargées de soutenir l’installation à Varennes d’un électrolyseur de 88 MW pour la production d’hydrogène vert et d’une usine de production de carburants propres”, se contente de préciser le ministre dans un communiqué. Hydro-Québec, pour sa part, assure que la production d’hydrogène l’intéresse toujours. “Nous sommes ouverts à d’autres projets et prêts à en discuter”, assure son porte-parole, qui ajoute que l’entreprise n’a pour l’instant aucun autre projet hydrogène.

Un long voyage

Recyclage Carbone Varennes devrait être la première application commerciale au Québec de la technologie qu’Enerkem développe depuis 2014. La future usine vise à convertir les déchets non valorisables en gaz de synthèse et en méthanol. Dans une phase ultérieure, le méthanol pourrait être transformé en éthanol et mélangé à de l’essence pour alimenter les voitures. Enerkem prévoit pouvoir traiter annuellement 200 000 tonnes de matières résiduelles et produire 135 millions de litres de méthanol, un alcool généralement utilisé comme solvant. Les déchets proviendront des chantiers de récupération des matériaux de construction et des sciures de bois, qui seront transportés à Varennes par train et camion. Le projet de Varennes a été annoncé pour la première fois en 2008.