FRANCOIS LO PRESTI contre AFP Marine Tondelier, ancienne représentante de Yannick Jadot lors de la présidentielle, demande que l’on « tire les leçons » de cet échec en reconstruisant le parti. POLITIQUE – Qui succèdera à Julien Bayou en fin d’année ? Comment mettre en œuvre l’accord avec la NUPES ? Quelle stratégie adopter aux élections européennes ? Alors que les 38èmes Journées d’été de l’Europe Ecologie-Les Verts s’ouvrent ce jeudi 25 août à Grenoble, une question résume les enjeux du parti écologiste dans les mois à venir : que faut-il faire ? Marine Tondelier, co-trésorière d’EELV et représentante de Yannick Jadot pendant la campagne électorale, a sa propre idée : il faut “tirer les leçons de ce qui n’a pas marché” et reconstruire le parti. Il a défendu cette ambition dans une tribune signée par des centaines d’écologistes et se réjouit de voir l’engouement qu’elle suscite. Candidate à briguer la succession de Julien Bayou, elle préfère se donner un peu plus de temps avant d’annoncer sa décision. Mais elle tient bon et appelle son camp à “passer à l’étape suivante”. Entretien. The HuffPost: EELV Summer Days commence ce jeudi. Qu’en attendez-vous ? Marine Tondelier : C’est un événement que les militants attendent et apprécient toujours. C’est très accessible, convivial et c’est un moment d’échange, de formation. Cette année, ces journées d’été se déroulent juste après notre émission forum “Le live ou les cendres” qui propose de retrouver la fête écolo. Evidemment, en marge du programme officiel, ce sera aussi l’occasion pour les participants d’échanger sur les propositions que nous avons faites.

“Maintenant, il faut réussir le pari de la fédération”

Cette plateforme a reçu le soutien de personnalités du parti, dont l’ancien candidat à la présidentielle Yannick Jadot. En êtes-vous satisfait? Oui. Il semble que ce forum ait reçu un certain écho, parmi les militants et défenseurs de l’environnement, mais aussi parmi les personnes qui n’ont pas l’habitude de prendre position lors de conférences. Ce projet semble assez fédérateur, et c’est une bonne nouvelle, puisque c’est l’objectif que nous affichons sur le forum : la fédération. Cela nous met aussi beaucoup de pression ! Maintenant, vous devez gagner le pari. L’enjeu est de reconstruire le mouvement. Mais ce n’est pas nouveau chez EELV… Qu’est-ce qui est différent cette fois-ci ? Lors de la dernière conférence, en 2019, la feuille de route prévoyait de dépasser Europe’s Ecology-The Greens. Cela ne se fait pas en une semaine, surtout lorsqu’il y a plusieurs partenaires à consulter. Nous avons travaillé avec eux lors des primaires environnementales, aux élections locales et de mi-mandat ainsi qu’aux élections présidentielles et législatives… Tout cela nous a permis de forger une culture commune, avant que ne vienne le moment de passer à l’étape suivante. C’est maintenant, nous y sommes. Vous avez perdu l’élection présidentielle ? Quelles leçons en tirez-vous ? Les écologistes ont connu des élections présidentielles difficiles. Mais il y avait beaucoup d’espoirs et d’attentes autour d’elle et la déception a donc été bien plus grande que lors des sondages où nous avions pourtant des cotes plus faibles. Notre échec est collectif et nous ne pouvons pas faire comme si de rien n’était. Aujourd’hui, nous devons apprendre de ce qui a mal tourné. Si nous ne le faisions pas, ce serait une grave erreur politique.

“Avoir raison ne nous donne pas des droits, seulement des obligations”

Quelles sont ces conclusions ? Il ne faut pas croire qu’il suffit d’être du bon côté de l’histoire pour s’affirmer comme éléments électoraux ou sociaux. L’élection présidentielle a montré que ce n’était pas le cas. Avoir raison ne nous donne aucun droit, seulement des devoirs. La conscience écologique s’est accrue dans la société française, mais cela ne suffit pas pour éviter concrètement l’aggravation des crises. C’est là que nous intervenons ! Notre mouvement doit mener le combat pour l’écologie sur tous les fronts. Êtes-vous candidat pour succéder à Julien Bayou ? Ma décision n’est pas prise. Pour l’instant, j’organise une réflexion autour de “la Suite” (le nom de son collectif, ndlr) Je suis bien intentionné envers ce parti mais aussi clair sur nos forces et nos faiblesses et après tant d’années d’engagement, j’avais des idées en esprit, que je voulais apporter à la réflexion collective. Je pense que nous devons d’abord savoir quelle ligne et quels objectifs communs nous nous fixons et les prochains jours nous permettront de clarifier cela. Ensuite, nous déciderons qui sera le meilleur pour mener à bien ce plan. Si vous n’y allez pas, quel est selon vous le croquis du candidat idéal ? Il doit d’abord être une personne de confiance pour les militants écologistes, afin d’éviter les mauvaises surprises comme l’entrée d’anciens chefs de parti (Jean-Vincent Placé et Emmanuelle Cosse en 2016, ndlr) dans le gouvernement de Manuel Valls, alors qu’EELV avait clairement refusé de l’intégrer.

“Je suis clair sur nos forces et nos faiblesses”

Il faudrait voir le parcours de cet homme et sa foi dans le collectif. Il doit aussi savoir animer des équipes et les faire travailler ensemble. Ayez une stratégie claire pour les aspirations de votre parti. Ensuite, il faut beaucoup de patience et pas seulement car on parle des greens (rires). Diriger un parti politique n’est pas facile ! Les journées d’été sont-elles un tremplin pour des candidatures potentielles ? Il n’y a pas d’incarnation parfaite de l’écologie et nous avons besoin non seulement d’un nouveau secrétaire national, mais de nouveaux visages à ajouter aux personnalités déjà connues du grand public : nos maires, nos députés et nos collègues défenseurs de l’environnement. Nous avons besoin de nouvelles incarnations et cette conférence peut être l’occasion de les mettre en lumière. Voir aussi sur The HuffPost : L’éducation climatique a-t-elle eu autant de succès à gauche qu’à droite ? Vous ne pouvez pas voir ce contenu car vous avez refusé les cookies liés au contenu de tiers. Si vous souhaitez voir ce contenu, vous pouvez modifier vos préférences.