Publié hier à 22:21, Mis à jour hier à 23:26 Emmanuel Macron lors de son allocution de Cabinet sur la rentrée le 24 août 2022 à l’Elysée. AFP Alors que le gouvernement a repris les cours ce mercredi, le président de la République a prévenu que le changement climatique et la guerre en Ukraine sont «de l’ordre d’un grand déplacement ou d’un grand renversement.» C’est un fait assez rare pour qu’il soit souligné. Les propos liminaires du Président de la République dans ce Cabinet de rentrée, mercredi matin, ont été enregistrés et retransmis en direct par les chaînes d’information en continu. L’occasion pour Emmanuel Macron, après quelques semaines de vacances, d’adopter un ton sérieux. Même une alarme. Face aux dérèglements climatiques qu’a connus la France cet été – notamment la succession d’incendies sur tout le territoire – et face à une guerre en Ukraine qui dure depuis six mois à ce jour, le chef de l’Etat a voulu appeler ses ministres à Série . Alors qu’il a envoyé un message aux Français… mais aussi à l’opposition. Lire aussi Emmanuel Macron : « De l’insouciance à l’inquiétude » “Le moment que nous vivons peut sembler structuré par une succession de crises graves”, a-t-il commencé, expliquant Emmanuel Macron. Selon lui, “ce que nous traversons ressemble plus à un grand tournant ou à un grand bouleversement”. Avant d’analyser que “nous vivons depuis plusieurs années la fin de ce qui pouvait apparaître comme une abondance” de “liquide gratuit”, de “produits”, de “technologies qui nous semblaient perpétuellement disponibles”, “de terre ou… voire “de l’eau”. A ce propos plutôt sombre, le président ajoute “la fin des évidences” et “la fin de l’insouciance” associées à la guerre qui continue de faire rage aux portes de l’Europe. l’opinion et provoque une réaction, ce que n’ont pas manqué de faire l’opposition, y compris la gauche et son principal leader, Jean-Luc Mélenchon. Depuis Châteauneuf-sur-Isère (Drôme), le patron de La France Insoumise estime qu’”Emmanuel Macron ne se rend pas compte à quel point cela peut être nocif pour les gens”. “Il ne s’en rend pas compte car pour ces amis l’abondance continue, il ne veut pas que les profiteurs de la crise soient taxés. Des gens qui ont amassé des millions et des millions et des millions sur le dos de la crise du Covid, l’inflation. Pour eux donc, l’abondance continue”, ajoute l’ancien candidat à l’Elysée. Même si Jean-Luc Mélenchon se montre sournoisement indulgent : « Je ne peux pas lui en vouloir (Emmanuel Macron, ndlr) car je pense qu’il n’a jamais rien compris (à l’écologie). Il utilise des mots qui ne mesurent pas leur sens. Il n’y a jamais eu d’abondance Monsieur Macron, il y a toujours eu d’irresponsabilité. “C’est un message inhabituel. Quand on parle de fin d’abondance, je pense aux millions de chômeurs, aux millions de précaires”, a réagi le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez. Lire aussi “Fin de l’abondance” : Emmanuel Macron dramatise la rentrée politique « Quatre millions de pauvres logés, huit millions de Français sur l’aide alimentaire… Beaucoup, pour qui ? Et dans tous les cas, lorsqu’il s’agit de climat, les commentaires et les bavardages ne remplacent pas l’action. La France était en retard, et en creusant, les preuves sont là », a ironisé le secrétaire national d’EELV, Julien Bayou, sur Twitter. Invitée de BFMTV, la députée de Paris Sadrine Rousseau estime, quant à elle, que le président demande toujours des sacrifices pour les plus faibles. “Pour l’instant, ce ne sont que des mots. Nous avons un président de la République qui parle de changement climatique depuis des années (…). mais ça ne marche pas”, a également martelé dans la même chaîne l’ex-président écologiste Yannick Jadot. Du côté du Parti socialiste, c’est le sénateur David Assouline qui fustige le chef de l’Etat pour son “abondance de déconnexion”. “Il préside un pays qui étouffe, la majorité des citoyens se serrant la ceinture comme jamais auparavant, tandis que les grandes entreprises font des milliards de profits. Et la majorité d’entre eux votent contre le smic à 1 500 euros et contre la taxation des super profits”, précise-t-il.

“Un président qui pousse notre pays au mur”

Quelques instants après la prise de parole de l’hôte élyséen, la droite et le RN ont également attrapé le ballon. Le député LR des Alpes-Maritimes Éric Ciotti, également candidat du parti de droite à la présidence, a qualifié ce dernier d’« obscène ». “Il n’y a qu’un seul ‘insouciance’ en France, c’est celui d’un président qui pousse notre pays au pied du mur en niant le courage de la réforme et en privilégiant les dépenses illimitées”, renchérit l’élu du Sud. «Aucun dirigeant au monde ne croyait à l’abondance éternelle de liquidités, d’énergie et de ressources naturelles. Sauf pour la France. Depuis 10 ans, Hollande et Macron sont directement responsables de notre dépendance : l’abandon du nucléaire et le recours massif à l’endettement », pointe-t-il aussi du doigt le patron des députés LR à l’Assemblée, Olivier Marleix. Du côté de la droite nationaliste, de manière un peu surprenante, peu de personnalités du RN ont réagi. Parmi ces derniers, le maire de Perpignan Louis Allot. « Le renversement des valeurs à la prison de Fresnes ou la soumission du voyage en Algérie ne doivent tromper personne. L’hiver économique arrive, la faillite de nos gouvernants est là”, espère celle qui se présentera pour affronter Marine Le Pen face à Jordan Bardela lors d’un congrès du parti en novembre prochain.